Je ne sais par où commencer tellement j’ai été bousculée, remuée.
C’est sublime.
Voici un chant en vers libre sans ponctuation qui raconte le quotidien d’un ancien élève de prépa devenu ouvrier car il n’a pas d’autre choix que d’y aller.
Il y va par amour. Le lecteur va à la ligne. L’auteur va à la ligne…. de production, euphémisme pour ne plus employer le mot « chaîne ».Mais c’est surtout une ode à la littérature et le rôle qu’elle peut jouer: l’auteur résiste grâce à ses souvenirs de textes une fois qu’il a trouvé le bon geste.
Des quatrains l’obsèdent, il faut se souvenir des rimes.Apollinaire, Cendrars, Péguy, Aragon, Proust, Prévert sont ses compagnons.
Une écriture en vers libre, car l’usine a imposé son rythme. Tout va vite, trop vite. La relative n’a pas sa place car pas le temps. Le texte est saccadé, scandé au fracas des machines, à la répétition du geste. Il parvient par ses mots, son style à exprimer l’abrutissement répétitif, la monotonie, le désespoir, l’aliénation, la servitude volontaire. La phrase est sans fin comme le travail dans ces usines.
De nombreuses références musicales jonchent également le texte en passant par Barbara, Brel et le fou chantant qui n’est autre que Charles Trénet. Car c’est une ode à la vie, à l’amour.
A lire, A offrir!!!!
« L’autre jour à la pause j’entends une ouvrière dire à un de ses collègues « Tu te rends compte aujourd’hui c’est tellement speed que j’ai même pas eu le temps de chanter » Je crois que c’est une des phrases les plus belles les plus vraies et les plus dures qui n'a jamais été dites sur la condition ouvrière Ces moments où c’est tellement indicible que l’on n’a même pas le temps de chanter. » « Le capitalisme triomphant a bien compris que pour exploiter au mieux l’ouvrier il faut l’accommoder juste un peu A la guerre comme à la guerre`repose toi trente minutes petit citron tu as encore quelque jus que je vais pressurer"
