Bon autant vous dire que ni la couverture ni l’histoire n’ont suscité en moi un quelconque engouement pour entrer dans cette lecture.Et pourtant..
Stéphanie Dupays, interroge à travers une femme trentenaire, professeur de littérature, spécialiste de Flaubert, les signes, leurs interprétations, la frontière qui sépare fantasme et imaginaire, ces chimères qui prennent possession de notre corps de notre tête, la révolution contemporaine des réseaux sociaux, l’impact qu’ont la littérature et la musique sur nos relations, notre façon d’aimer, les codes de la séduction, le jeu amoureux.
Elle raconte ce qui fait l’intemporalité du sentiment amoureux: l’attente, le désir, l’inquiétude au travers d’une instantanéité que représente cet objet qu’elle qualifie comme « un système de signes qui véhiculaient une idéologie tacite ».
Elle interroge ainsi notre sentiment de liberté car par la médiation du portable, l’incertitude qui définit l’instant de séduction est sensée disparaître notamment grâce à cette immédiateté. Il n’est, cependant, qu’entrave et asservissement.
Cette spécialiste du sentiment amoureux, experte des mots et de l’écrit, paradoxalement, se focalise sur ce que les messages ne semblent pas inclure, ne parvient pas à prendre de la distance, est dans la surinterprétation. L’être aimé n’est ainsi qu’un système de signes qu’elle tente d’interpréter.
L’auteur interroge ainsi l’existence d’un dialogue amoureux sans la rencontre, sans le regard, sans les gestes, l’odeur, la voix.
Elle questionne cette apparente complicité qui existerait grâce à ce tiers virtuel qui altère les comportements, une union avec un fantôme qui ne cesse de mettre cette femme face à sa solitude.
Elle interroge sur la toxicité de ce monde virtuel mais également sur l’influence des livres qui masquent le réel et qui fait que l’on tomberait amoureux.
C’est un livre agréable à lire.
Les Editions du Mercure de France
