Le petit caillou dans la chaussure

Blog littéraire d'Alexandra Lahcene

C’est l’histoire d’un fruit défendu, un enfant illégitime, un secret.

Londres, au XIXème siècle.

L’Angleterre victorienne, cœur battant du monde, puissant empire, où la prospérité, la richesse fréquentent l’indigence, connaît une crise économique : le marasme de l’industrie du textile imputable à la guerre de sécession qui stoppe la production de coton aux États Unis, les soulèvements et les attentats des nationalistes irlandais, la répression anglaise plantent le décor de cette fresque romanesque et vont tisser les destins de trois personnages : Charlotte, Freddy et Friedrich.

En 1850, le fondateur de l’internationale communiste, Karl Marx, surnommé le Maure à cause de sa carnation halée, ses cheveux noirs, sa pilosité, a un fils : Frederick. Mais cet enfant est un « bâtard » mis au monde par la bonne. Ce fait réel a inspiré notre auteur qui a imaginé Charlotte, jeune immigrée irlandaise : elle perd son enfant suite à une agression et est recueillie par le docteur Malte.Frederick sera donc Freddy. A la demande de Friedrich Engels, riche industriel, qui arrose le train de vie de l’auteur du Capital, dépensier, capricieux, endetté car attiré par le luxe, spéculateur adoptant un mode de vie bourgeois et qui se veut pourtant révolutionnaire, le médecin confie l’enfant à Charlotte.

Deux immigrés allemands profitent ainsi du système capitaliste alors que paradoxalement ils ne souhaitent qu’une chose : l’anéantir. Ainsi Karl Marx va rêver de la révolution dans ses bibliothèques.

Ce qui est certain, c’est que ce livre ne plaira pas à tout le monde… je pense à nos camardes marxistes du parti.Mais au-delà de l’incontestable vraisemblabilité des faits, ce roman généreux traite de la construction identitaire de ce garçon qui deviendra homme grâce aux différentes rencontres de sa « mère ».

C’est un énorme travail de recherche et on retrouve l’empreinte journalistique de Spitzer.

J’avoue avoir préféré « ces rêves qu’on piétine » mais j’ai hâte de rencontrer à nouveau Sébastien Spitzer autour d’une table éclairée par quelques candélabres afin de comprendre pourquoi il s’est attaqué à cette figure du socialisme, et comment le dossier est sorti des tiroirs du KGB…L’ensemble des personnages, Johanna, Ferdinand, O’Brian, Mary, Lydia… et la documentation que cette histoire a demandée mérite bien une petite conversation…

NB: de jolis clins d’oeil à Shakespeare sont à retrouver dans les pages de ce roman…et on ne peut s’empêcher évidemment de penser à Dickens.

Éditions Albin Michel

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :