« Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne ». Andromaque
Voici une jolie fresque intimiste que nous n’avons pas l’habitude de lire sous la plume de Leila Slimani.
Dans un premier tome, Leïla s’inspire de la vie de ses grands-parents sur les terres arides de Meknès.
C’est l’histoire de personnages qui vivent dans le pays des autres : Mathilde, Amine, Selma, Aïcha dans cette société coloniale du Maroc de l’après guerre de 40. C’est une histoire de territoire, de frontières notamment celles de la pudeur, de solitudes, de mépris.
Leïla Slimani raconte avec une écriture remarquable le dévouement, la servitude, l’écrasement mais aussi l’accomplissement.
Ce livre m’a charmée et me donne envie de découvrir les tomes suivants.
Le comparer à « l’art de perdre » serait tentant mais dommageable pour cette belle histoire qu’il faut prendre le temps de savourer.
"Tandis qu’elle pénétrait dans la maison, qu’elle traversait le salon baigné par le soleil d’hiver, qu’elle faisait porter sa valise dans sa chambre, elle pensa que c’était le doute qui était néfaste, que c’était le choix qui créait de la douleur et qui rongeait les âmes. Maintenant qu’elle était décidée, à présent qu’aucun retour en arrière n’était possible, elle se sentait forte. Forte de ne pas être libre."