Le petit caillou dans la chaussure

Blog littéraire d'Alexandra Lahcene

Rentrée littéraire hiver 2021.

« La musique, elle est à eux, c’est tout ce qui reste quand il n’y a plus rien. La musique ne blesse personne ».

Le grand rêve industriel, symbole de la grande puissance américaine fait de Détroit une ville fière de ses chaînes de montage dans les années 30. Fière, certes mais un parasite reste une ombre au tableau…On a besoin de leur force de travail mais pour la belle image de cette ville, il va falloir trouver une solution, leur trouver un toit.

En 1935, Eleanor Roosevelt, au côté de Joséphine Gomon, descend du train présidentiel pour l’inauguration d’un quartier, le Brewster Project.Il sera ce dortoir de l’usine Chrysler, ce lieu où les noirs américains seront parqués car on ne mélange pas les territoires.

En aout 2013, les travaux de démolition du Brewster Project, où ne logent plus que les aigles à tête blanche, sont lancés. Ses habitants seront relogés dans les Brewster Homes construits dans les années 90.

Ainsi le cours de leur vie ne cesse d’être délibéré…

« …il n’y a de douceur de vivre et de sécurité que dans la soumission. Le chaos du capitalisme… »

Judith Perrignon dépeint avec minutie, sur trois générations, l’histoire de ce quartier.

Cette peinture sociale nous amène à la rencontre d’Ira, fils de Géraldine, neveu d’Archie et petit fils de Roselle. Flic et collègue de Sarah, il trouve, au détour de chez John King, deux livres. L’un d’entre eux porte sur l’histoire des Suprêmes. Sarah, sa collègue, va enquêter sur l’identité d’une victime «Frat Boy» dont le corps a été retrouvé.

Vous l’aurez compris, de là démarre une gigantesque fresque musicale et artistique pour décrire ce quartier où ils dansaient, parler de l’abandon organisé, le fatalisme, le chômage, la pauvreté, les homicides, la délinquance, la corruption, le racisme, une communauté sacrifiée. On marche sur les traces de la Motown de Berry Gordy (Les Suprêmes, Diana Ross, Marvin Gaye, Steevie Wonder,…), de Diego Rivera et sa fresque à la gloire de l’Industrie, de Tyree Guyton, Zoo project…

Ce livre est d’une richesse incroyable et on ne peut s’empêcher de fredonner tous ces titres au fil des pages et de vouloir danser à leur côté.

Éditions Rivages

Une réflexion sur “Là où nous dansions.

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