Le petit caillou dans la chaussure

Blog littéraire d'Alexandra Lahcene

Tant qu’il reste des îles

« C'était ça, pour un marin, la magie d'une île. L'effort de la traversée contre la promesse d'un abri. »

Aujourd’hui, je vais vous parler du Second roman de Martin Dumont que j’ai découvert également grâce aux 68 avec «le chien de  Schrödinger».

On y retrouve toute la sensibilité de l’auteur à travers Léni et son univers : trentenaire, insulaire il fait corps avec l’océan, les embruns, la houle, les goémons, le vent, l’écume et les tempêtes, se passionne pour un voilier en construction, nous emmène au bar où les habitants palabrent autour d’une partie de coinche. 

Et puis, il y a ce monstre qui avance dans la mer, ce pont qui se dresse du continent…

« Ce pont, il a chuchoté, c'est la mort de la poésie. [...]
C'est pas rien, une île... C'est un bout de terre planté au milieu de l'océan. Un caillou peut-être, mais avec la mer autour. Un truc magique, un endroit d'où tu ne peux pas te barrer comme ça, juste sur un coup de tête. Et même pour la rejoindre d'ailleurs ! Une île, ça se mérite. Faut prouver qu'on est digne de l'atteindre, faut être à la hauteur. [...] Si tu construis un pont, tu détruis tout, non ? Moi, je dis que tu la tues, cette île. »

Grâce à un style sobre, lapidaire et perceptible, l’auteur interroge la construction (celui d’un pont, celui d’un homme, celui d’un père) ; qu’est-ce qui structure l’identité ? 

Il met en exergue ainsi toute la symbolique de l’île afin de questionner notre relation au monde, « ce monde entier qui danse dans la lumière naissante ».

Chaque étape de la construction de ce pont est mise en parallèle avec la transformation de cet homme et le nécessaire dépassement de ses peurs. Petit à petit les jalons sur lesquels étaient posées ses fondations volent en éclat. 

Un joli moment de lecture.

Merci aux fées des 68 premières fois.

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