« Ma mère, elle avait beau me frotter, m’éponger et me frotter encore, ça ne servait à rien, derrière sa dureté, elle avait toujours peur, elle était toujours triste. Elle était triste d’être une femme et elle avait peur que j’en sois une aussi. Alors elle nous lavait toutes les deux incessamment de la tache de m’avoir mise au monde. »
Un premier roman saisissant
Nili raconte son existence : née d’Eleva et d’Exaucé Makasi, une étudiante roumaine extrêmement consciencieuse et un militant révolutionnaire congolais, dans la Roumanie fasciste des années 90, où l’étranger était persécuté, destiné à une mort certaine.
Ce pays totalitaire invitait les jeunes étudiants africains pour leur inculquer les valeurs communistes. Mais ces derniers étaient tenus de repartir : ils ne devaient surtout pas se mélanger aux jeunes roumaines de race pure.
Eleva mettra en avant son érudition et par la suite celle de sa fille. Maltraitante, exigeante, elle va faire de son indépendance et celle de Nili une obsession au détriment de l’affection, de l’amour.
Ces confidences, la narratrice les fait à son fils qui va venir au monde, continuité de la ramification de son arbre généalogique qui ne devait pas être.
Elle lui parlera de son enfance, le bannissement qu’elle a vécu de sa mère et du peuple de son pays natal, son passage à Paris où elle étudiera et entamera les recherches de ses origines, puis le Congo, où, sous fond de guerre civile, elle trouvera une famille, la mort et l’amour.
Elle lui contera donc l’humanité, le despotisme, la révolution et tout cela avec des mots magnifiques.
L’écriture extrêmement travaillée m’a fait penser à la musicalité que nous trouvons dans les textes sur la négritude et la créolité. (Césaire, Senghor).
Cette auteur, vous l’aurez compris, a du génie et est à surveiller de prêt !!
C’est à lire.