Premier roman métaphorique, allégorique et nostalgique.
Hugo Lindenberg se penche avec brio sur l’insularité de l’enfance dans trois parties : Baptiste, les monstres, les mondes engloutis.
Le narrateur est un garçon de dix ans solitaire, dont le silence est son seul héritage. Il passe l’été en Normandie avec sa grand-mère sèche mais aimante et sa tante aliénée débordante dont il éprouve une aversion totale, une famille qui porte un traumatisme dont on ne parle pas, une histoire qu’on ne transmet pas.
Il raconte l’ennui, le temps suspendu, les sensations, les odeurs, sa différence, la honte.
« Notre vie est une symphonie de robinets qui coulent, de chasse d’eau tirées, de bains vidés, de vaisselle lavée, de linge essoré. Et pour se divertir de ce déluge : la mer. »
Cet enfant va faire la connaissance, autour d’un sacrifice d’une méduse sur la plage, de Baptiste qui incarne avec sa famille la perfection, la lumière.
« J’abats un cadavre et la sueur accumulée dans mes cils coule soudain sur mes joues, larmes brûlantes qui effacent l’enfant, la plage et cette méduse que je sacrifie à la promesse d’une amitié estivale. »
Chaque détail attire son attention. Baptise va lui permettre de se mouvoir, de le sortir de sa torpeur, de mettre en mot son monde à lui.
J’ai été subjuguée par cette écriture maîtrisée. Ce roman foisonne de symboles (méduses, sables mouvant, eau, monstres…).
Hugo Lindenberg raconte sans raconter, développe avec subtilité et virtuosité ce thème extrêmement complexe qui est celui de l’enfance.
Un auteur à suivre de très près mais pour un premier roman, chapeau !!