Je vais vous parler aujourd’hui d’un livre délicieusement exaspérant.
Ce premier roman a un petit côté vintage, décalé, qui va vous hérisser les poils et par moment vous lasser tant la formule « mon mari » est scandée.
Maud Ventura raconte le sentiment amoureux sous la forme d’un journal sur une semaine où nous accompagnons la fébrile narratrice dans son ascenseur émotionnel.
Elle et Lui n’ont pas de prénom, ils sont mariés depuis 15 ans et vivent une vie parfaite.
« Mon mari n’a plus de prénom, il est mon mari, il m’appartient ».
Elle est éperdument, furieusement amoureuse de son mari, ne vit que pour lui, l’attend, se met à disposition.
Il est sa référence.
Sa vulnérabilité, sa dépendance affective monstrueuse fait d’elle une femme malheureuse qui ressent un manque que son mari doit à tout prix combler.
Rien ne peut traduire l’amour qu’elle a pour lui.
Elle tient des carnets qui la rassurent et l’aident à garder le contrôle et la maintiennent à un statut de permanente novice inexpérimentée. Elle y établit une liste de règles à suivre pour que l’homme qui partage sa vie reste amoureux d’elle. Elle y consigne les faux pas de son mari et les punitions qu’elle va lui infliger.
Elle s’identifie à Phèdre ou Marguerite Duras dans l’Amant et ça c’est tragiquement drôle !
Au fur et à mesure que la narratrice bascule, nous passons de l’irritation au rire.
L’auteur parvient subtilement à nous assujettir également : elle crée une atmosphère oppressante qui nous pousse à tourner les pages.
Elle agace … elle agace parce qu’on s’y reconnaît. (et oui…)
Elle agace … parce que ses lamentations caricaturales, quasi burlesques sont itératives.
Mais j’avoue que La chute tant attendue est pas mal trouvée !
« Mon mari considère donc que son meilleurs ami est marié à un ananas, tandis que lui a épousé une clémentine. Il vit avec un fruit d’hiver, un fruit banal et pas cher. Un petit fruit ordinaire qui n’a ni la gourmandise de l’orange ni l’originalité du pamplemousse. Un fruit ordonné en quartiers, pratique et facile à manger, prédécoupé, prêt à l’emploi, fourni dans son emballage. »