« Comment j’avais pu perdre autant de temps dans ma vie à attendre que la route se dégage alors qu’en réalité, elle était là, ouverte, accessible puisque je courais dessus de toute la vitesse dont j’étais capable. Bien sûr, il avait fallu que je m’arrête pour ramasser dans le noir tous les objets tombés dans la bouillasse. »
Aujourd’hui je vais vous parler d’un éblouissant roman qui raconte la réhabilitation d’un père par sa fille après sa mort.
Anne Pauly avec un style habile, vif et humoristique partage avec pudeur la disparition de son père, cet homme violent, alcoolique, provocateur, défaillant égoïste à qui elle va octroyer de l’humanité.
On suit son long cheminement qui nous dévoile les multiples facettes de cet homme et la bouleversante prise de conscience de sa fille.
Avant qu’elle n’oublie tous ces détails qui paraissent futiles, elle va nous faire part de l’ambivalence de ses sentiments, le révéler progressivement de sa mort brutale, à son enterrement, jusqu’à son absence, le rangement de la maison avec tous ces trésors, ces secrets et puis cette lettre qui va l’amener jusqu’à l’apaisement.
Tous ces petits moments sans importance, ces objets, vont nous faire osciller entre rire et larmes.
Ainsi, tout en retraçant son histoire elle dévoile la tendresse de cet artiste caché, ses maladresses, sa sensibilité. Se dévoile petit à petit une complicité.
Ce taiseux laisse une absence, un vide.
L’écriture provocatrice habitée par une oralité prend soin de nous lecteur, car même si on est bouleversé, on rit….
Enfin Anne Pauly arrive à faire de ce texte intimiste un écrit universel car oui même si ce père a pour nom M. Pauly, il est bien indiqué sur la couverture que c’est un roman, et chacun d’entre nous peut ainsi se l’approprier.
Anne Pauly, merci !
« Mes toutes dernières larmes sont sorties ce jour-là. J’avais enfin accepté. Si on m’avait dit que Céline Dion m’aiderait un jour dans ma vie à passer ce style de cap, je ne l’aurais pas cru. La catharsis par la pop -check. »
« Sa vraie personnalité, enfin débarrassée des hardes puantes de l’alcool, était ressortie : un contemplatif fin mais gauche, gentil mais brutal, généreux mais autocentré, dévoré par l’anxiété et la timidité, incroyablement empêché. Un touriste de la vie. Contre toute attente, le monstre était humain, vulnérable, attachant. »
« Alors, devant ce tableau fou et ces cercueils de piles épitaphés qui ressemblaient un peu à l’œuvre d’un dément, j’ai cru mourir d’amour et de mélancolie. Une dernière fois, je l’ai admiré pour son esprit original et si mal compris, pour l’élégante précision de ses idées, pour son entêtement insensé à ne s’être jamais autorisé que ça alors qu’il avait tant d’ampleur et pour m’avoir appris à être sensible à la poésie que dégagent les choses modestes. »