Dans Feu, Maria Pourchet raconte avec singularité, élégance et brutalité la passion.
C’est l’histoire de multiples embrasements :
Laure, mère de famille, maitre de Conférences, qui ne parvient pas à faire taire les voix de ses ascendantes, prof d’université, menant une vie confortable va attiser le désir de Clément, seul, cynique et désespéré, 50 ans, golden boy, incarne les tourments de la masculinité. Il a le mal du siècle et un chien.
Ils ne sont pas fait l’un pour l’autre.
Lui est habité par un doute destructeur sur ses émotions et celles des autres. Elle souhaite se sauver d’une léthargie, d’un ennui. Elle veut que le feu prenne rapidement, s’embrase car après l’ardeur, le désordre, il y aura la vie d’avant. Car tel un phénix, elle renaîtra de ses cendres. Laure a cette naïveté. Elle se persuade que le désir se consume et qu’ensuite on s’en débarrasse. Les esprits et les corps vont s’exalter, se calciner sur un bucher bestial.
Vera, la fille de Laure, lycéenne, militante, féministe, ultra, animée du feu de la jalousie et de colère va rompre, avec beaucoup de dégâts, la rhétorique qui détermine la lignée des femmes dans la famille. Elle va faire taire les voix que Laure écoute encore.
Véra va prendre sa revanche. Avec rage, elle observe les choix de sa mère comme un reste de la domination masculine et va attiser l’incendie.
Cet amour pyromane est traité avec une dynamique haletante et une alternance de point de vue : Laure s’adresse à elle-même avec le « Tu » et Clément avec le « Je ». Le désir, la passion sont abordés avec les perceptions des autres, les regards sont croisés c’est ce qui fait toute l’originalité de cette histoire d’amour.
Ce roman déroutant m’a captivée: j’ai été percutée par la brutalité, la violence, le rapport ironique, noir et drôle qu’entretient Maria Pourchet avec l’amour..
C’est à lire !!
« Tu voudrais les prendre mais tu sais d’expérience qu’en saisissant les oiseaux, souvent, on les tue. »
« Tu as eu cet âge. Tu as pensé comme elle la vie faite de constances et d’obstination. Tu l’as depuis apprise, faite de ce qu’elle est. Compromis, répétitions, oublis ou guérisons. Entre ces deux âges, il te semble avoir dormi. »
« A cet homme que tu as vu deux fois, tu écris j’ai envie de vous.
`Tu ris seule de consumer en une phrase des générations de bienséances, de convenances, de principes, de préceptes, de prudence, de pudeur, de punition, de réserve, de respect, de tact, de vertu. Tu consumes ton ordre alphabétique et pour dire le bien que ça fait, en revanche, tu n’as pas de mot. »
« Ton esprit obsédé confond la cystite er la juste tourmente du Feu éternel, tu te rêves sans vergogne en raclure biblique sanctifiée par la douleur. »
À lire, je suis bien d’accord !