« Ne regarde pas en haut avec envie ni en bas avec dédain Libero. Fais ta route, c’est bien assez ».
Ogliano, village à flanc des montagnes de l’Argentu, au sein d’un sud chimérique, que votre créativité de lecteur vous mènera en Corse, Sardaigne, Sicile ou que sais-je, dans une temporalité incertaine, durant quelques heures d’un été, est tenu par les hommes tout comme la narration de cette très belle histoire.
Dans ce village du sud, s’ouvre une tragédie sur la villa de la famille Delezio dans laquelle sera célébré le diplôme du fils du Baron, Raffaele. Un drame va survenir et rompre les festivités.
Libéro Solimane, fils d’Argenta, l’institutrice du village, dans le théâtre du massif d’Argentu, va lever les secrets, mené par sa rage contre l’injustice, va rompre le déterminisme de sa lignée et de celle de Raffaele. Dans cette montagne, les deux personnages vont changer leur destin. L’exemplaire de l’Antigone de Sophocle que porte toujours Raffael, donne le ton et symbolise à lui seul l’atmosphère de cette histoire.
« Je suis faite pour aider l’amour, et non la haine ». Antigone.
L’auteur, que je ne connaissais pas jusqu’alors, aborde les thèmes de l’injustice, la transmission des valeurs, la liberté, le droit, la fierté, la honte, la loyauté en esquissant des personnages puissants, lourds en symbole, et notamment des femmes, fortes, seules, courageuses mais démunies, désarmées face à la fureur des hommes. Les voix des morts racontent ces histoires condamnées au silence (tel un chœur antique) entre chaque chapitre.
Un livre que je recommande vivement si vous souhaitez rencontrer ces personnages hauts en couleur, rentrer en immersion dans ce magnifique paysage et vous laisser happer dans cette atmosphère qui dévoile progressivement ces secrets.
« J’avais troqué ma peine contre de la haine. Je la couvais. Dans l’Argentu, c’est ainsi que les yeux des hommes restent secs et que les femmes pleurent pour deux. »