Le petit caillou dans la chaussure

Blog littéraire d'Alexandra Lahcene

« Je me demande si, par la convocation de ce lieu, c’est mon avenir que je suis venue chercher ou mon passé que je suis en train de retrouver ».

Dans ce très joli premier roman il est question de peurs, de désirs, d’espoirs, de craintes.

19 septembre, gare de Lyon, au café du train bleu, lieu emblématique, une jeune femme attend celui qu’elle a rencontré lors d’un vernissage, quelques mois auparavant. Une promesse qu’elle tiendra.

Elle profite de cette douce parenthèse pour observer les déambulations des voyageurs, « en coulisse de l’ordre du monde », les arrivées, les départs, les séparations, les retrouvailles.

« Les mots sont trop étroits pour décrire ce qui est plus grand que soi ».

« Tous ces êtres chargés de désirs forment le décor de ma vie ».

Bruits, odeurs, autant de sens qui feront appel à l’introspection et feront ressurgir les réminiscences de son enfance au cours de laquelle elle a du voyager en train au côté de son frère. Elle épanche ainsi dans son carnet, derrière sa fenêtre embuée, ces petites scénettes observées dans ce huit clos.

Aurélie Ringard joue subtilement avec les pronoms et alterne le « Je » pour évoquer le présent et les souvenirs d’une petite fille et le « elle » pour nous immerger dans cette rencontre avec « lui ».

Ce délicat monologue aborde à la fois, par le biais d’un procédé délectable tant par l’écriture que par la construction, la notion d’instant présent, l’importance de s’emparer de l’imprévisible, mais aussi la nécessité de se poser, faire un arrêt sur image sur sa vie, sur le monde.

J’ai aimé attendre au côté de cette jeune femme, et je fus même impatiente de me retrouver à la dernière page (mais je n’en dirai pas plus !)

Un premier roman à découvrir.

Merci aux fées des 68 premières fois.

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