Dans ce premier roman Delphine Arbo Pariente retrace l’histoire de Mona, narratrice, architecte, mariée, deux enfants, où réussite et harmonie sont les maître-mots de son quotidien.
Par l’intermédiaire d’une rencontre, elle va se heurter elle-même, « rentrer en collision » avec son entité.
Le passé occulté resurgit et Mona revient à un état de conscience où se mêlent une multitude de perceptions, de sensations.
« S’efforcer d’oublier n’est pas l’oubli, je faisais de mon mieux. »
Par cette relation sera sondée cette zone non visitée, non-dite : le traumatisme d’une enfance brisée, les humiliations, la violence d’un père tyrannique et abject, la dérive d’une mère incapable de la protéger.
Vincent sera le révélateur de l’instant : Mona va ainsi faire connaissance avec cette partie d’elle même qu’elle ne connaît pas.
« Cette enfant, c’est moi, je viens te chercher. »
L’écriture poétique de Delphine Arbo Pariente nous plonge dans les thèmes du déracinement, de l’arrachement, de l’héritage transgénérationnel, la misère sociale, la souffrance de l’intégration, l’inceste et parvient à faire de ce roman un écrit lumineux.
Dans ce très beau premier roman elle tente d’accorder une légitimité, une explication aux actes les plus infâmes.
Merci aux 68 premières fois qui m’a fait découvrir cette pépite : un auteur que je suivrai et que je vous conseille.
« Pour moi, il restera cet homme assis près d’un cendrier rempli de mégots, le corps flouté par les volutes de Gitanes bleues, dans sa bouche l’haleine de tabac froid, dans ses yeux le feu, dans le corps l’épine. Dans ses bras manque l’enfant dont c’est la place et qui attend qu’on la porte sur les épaules ou qu’on l’embrasse, espérant une sucrerie ou une poignée d’amandes. Il dure malgré moi comme un œillet, hantant de sa grammaire chaque cage d’escalier à l’odeur de bois ciré, chaque papier peint fleuri, au fond du corps comme un foret. »