C’est l’histoire de Jeanne, celle qui encaisse qui fait le dos rond, celle qui « absorbe la violence afin d’en adoucir les vibrations sur ceux qu’elle aimait » et de Gaétane, la frondeuse, celle qui lutte, ne se soumet pas.
Elles sont sœurs et leurs vies seront liées inextricablement malgré leurs différences d’autant qu’elles vivront sur le terrain divisé donné par leur père oppressif, tyrannique.
« Ce qu’ils ne mesuraient pas alors, c’est à quel point leurs existences seraient à jamais imbriquées, cimentées par ces deux maisons qui s’érigeraient côte à côte. »
Toutes deux vont construire une famille dont les fondations incertaines seront fragilisées par cette avarie irrévocable qu’est le deuil.
Nous allons donc suivre cette tragédie familiale sous le regard d’un témoin, ce clébard de rien, allégorie de la lumière qui s’oppose aux ténèbres.
Tom Toni aborde de nouveau les thèmes de l’absence, des silences mais dans ce nouveau roman on monte en intensité !
Quelle réussite !
Cette écriture emprunte de sincérité, de justesse m’a touchée : il parvient à décrire avec sensibilité et humanité des personnages comme Hector, Henri, Jeanne, Gaetane, leurs secrets muselés, enterrés, leurs plaies, leur honte, leur colère.
Une petite merveille de la rentrée littéraire 2022 à lire !
« Il a abandonné Caroline à ses parents et les signaux sonores ont muté. Elle accourait désormais lorsqu’elle entendait la vieille voiture de son cousin arriver dans leur quartier. Il a aussi abandonné sa mère à ses rages des mues de son existence. Il a abandonné sa tante à ses blessures assourdies. Cet intense sentiment de lâcheté ne l’emportait toutefois pas sur celui du bonheur de partir. Est-ce que l’on fuit lorsqu’on s’envole ? Est-ce que l’on paie toujours ses bonheurs sucrés avec ce goût aigre qui s’invite à la digestion ? Le dégoût de soi reste parfois profond malgré les hauteurs des sommets que l’on tutoie. »