« Elle s’approchait de la fin. Il avait fallu si peu de choses pour que deux vies basculent. L’ennui et le mal-être d’une adolescente, la grossièreté des garçons, la volonté de bien faire de deux enseignants, la célébrité d’un gendarme, le bovarysme d’une juge d’instruction, les rumeurs malfaisantes d’une petite ville, la conviction établie d’une mère, la mauvaise conscience d’un père. »
Est-on coupable quand on ment à 15 ans ?
Alice, avocate, reçoit dans son cabinet une jeune femme. L’affaire présentée semble banale.
Mais très vite Lisa va délivrer sa véritable histoire et les certitudes d’Alice, ses principes, vont ployer face à cet engrenage dans lequel s’est embourbée l’adolescente. Elle va devoir considérer les faits autrement. Ce qui paraissait être une évidence, ne l’est plus. Elle va devoir défendre une « petite menteuse ».
L’auteur chroniqueuse judiciaire au journal « Le Monde » raconte comment cette collégienne déterminée par sa poitrine développée et le désir qu’elle provoque dans le regard des hommes va s’extirper de cette réputation de « petite salope ».
Dans ce huit clos on découvre que devenir une victime était la seule solution pour ne plus l’être.
Par le biais du personnage de l’avocate, l’auteur parvient à examiner les rouages d’une erreur judiciaire, du mensonge et ses dommages collatéraux.
Pourquoi les adultes ont eu envie de croire cette affabulatrice qui s’est dite abusée par cet homme qui avait tout du coupable idéal? Comment cette jeune fille spontanée s’est-elle retrouvée piégée ?
Comment défendre une jeune femme qui a détruit le destin d’un homme sur une simple affirmation et qui en première instance a été condamné à dix ans de prison ? Comment la protéger ?
Pascale Robert-Diard nous amène ainsi grâce un style efficace et une narration compendieuse à une réflexion sur la nature humaine, sur les parts d’ombre de l’adolescence, période labyrinthique, complexe, sur les préjugés et nos idées préconçues. Elle remet en question également le fonctionnement de notre justice et nous interpelle sur la présomption d’innocence et de culpabilité.
C’est à lire !