Le petit caillou dans la chaussure

Blog littéraire d'Alexandra Lahcene

« Car si j’avais d’abord refusé de le concevoir, il se trouve qu’elle avait tout façonné dans ma vie : elle était une exigence nécessaire qui avait créé un monde ».

Dans ce premier roman Antoine Catel raconte l’histoire de sa petite sœur, son combat contre l’addiction avec la cocaïne : elle a érigé un monde emprunté, factice dans lequel elle avait son propre  dialecte, celui de la dépendance.

Son âme sensible, tourmentée devait se réfugier dans le chimérique, l’illusion d’un paradis. La cocaïne permet une transgression, libère cette âme en détresse qui a besoin d’être comprise.

Elle lui permet de s’exprimer, de lutter contre ses doutes, sa culpabilité.

Le monde qui l’entoure a perdu de son caractère inestimable. Elle bascule parce qu’en colère, parce qu’anéantie par les pertes, parce qu’elle est une supercherie pour sa mère en détresse alcoolique.

Ce monde artificiel et chimique, celui de la cocaïne, va lui permettre d’accéder à une plénitude, d’être hypnotisée pour un temps.

Ce temps qui devra devenir éternel, qu’il faudra remonter de manière vital, rajeunir à chaque prise de rail de coke.

Cette illusion est entretenue dans un premier temps par des moments de défonces qui la transcendent. La déflagration de la cocaïne dans le cerveau, cet incendie blanc, fait exploser chaque synapse pour faire renaître l’insouciance et retrouver la voie dans les méandres de ses tourments et son désespoir.

Mais ces dernières deviendront très vite un besoin vital et elle sera « esclave de sa peine comme de son soulagement ».

Et il y a ce grand frère qui oscille entre l’espoir, la culpabilité et l’incompréhension.

Outre le fait que cet acte d’amour est poignant, on ne peut que saluer la qualité des formulations et de l’écriture de l’auteur. Le lien qu’il entretenait et entretient avec sa petite sœur qu’est la poésie est magnifiquement mis en exergue.

Certains d’entre vous auront peut être une réticence à entrer dans cet écrit qui relève de l‘intime mais laisser vous porter par ces mots.

Un hommage bouleversant.

« Je veux que ces pierres te chantent la jolie mélodie des vagues, petite sœur. Le monde n’est toujours pas plein de poésie ni de musique… ni de roses. Il est tout entier empli d’un peu moins de toi »                  .

« Elle est morte cernée par ses rêves inachevés ».

« Son futur resplendissait de l’ivoire des promesses ».

« La paix est terminée, place au festin de l’âme. La petite sœur est dévorée de l’intérieur ».

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