Le petit caillou dans la chaussure

Blog littéraire d'Alexandra Lahcene

« Chaque homme, à quelque période de sa vie, a eu la même soif d’océan que moi ».

Herman Melville, Moby Dick.

Une histoire étonnante, en apparence satirique pour raconter une absurdité écologique.

Le « baiser de la Steppe », vent fou qui frappe à la fenêtre du Kremlin, redouté par Joseph Staline car l’affaiblissant, guidé selon la doctrine paranoïaque par les ennemis capitalistes, s’abat sur Moscou.

Son entourage dépourvu de discernement et aveuglé par le terreur dogmatique n’oserait le contredire.

Pour y répondre, le petit père des peuples fait appel à un jeune et brillant ingénieur, Leonid Borisov, afin de mener un combat acharné contre la mer d’Aral et l’éliminer définitivement car ce vent y prendrait naissance.

Il démontrera ainsi que le bonheur du peuple que garantit l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques peut être suscité en asservissant la nature et dans cet instinct de toute puissance, en remodelant les paysages, le relief, le climat car, après tout, ce ne sont que des assemblages d’atomes.

Le subordonné va ainsi, grâce à un chantier titanesque, détourner le cours des fleuves qui irriguent la mer d’Aral.

« Pour les soviétiques, la valeur de l’existence humaine est réduite à zéro ».

Ce culte de la puissance et de la domination va les amener à vouloir exiler, détourner de leur tradition puis éliminer le peuple Ouzbek qui vit en harmonie avec la mer leur première ressource. Leur chef de tribu et la troublante Elmira vont par leurs croyances, le faire osciller entre l’orgueil et la mélancolie et le faire douter. L’émerveillement, et la passion sont proscrits par le régime car entravent la rationalité. Il sera ainsi soupçonné d’errements idéologiques et perverti par du sentimentalisme.

Je vous laisse découvrir ce qu’adviendra de ce personnage…

L’auteur s’inspire du fait réel qui fut l’une des plus grandes entreprises de destruction d’un site naturel dans les années 60 pour faire naître du désert des millions d’hectares de culture de coton.

Outre l’originalité du thème choisi, il faut souligner le parti pris de l’auteur d’utiliser dans ce roman le présent à l’aide de phrases incisives qui font qu’on se laisse porter jusqu’au bout dans l’incapacité de le lâcher.

C’est à lire !

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